AMSTRAD CPC


Amstrad, compagnie Anglaise fondée en 1968, est au début des années 80 un fabricant d’éléments de chaînes hi-fi. Les recherches que les hommes d’Alan Sugar, patron d’Amstrad, vont faire, seront basées sur un cahier des charges particulièrement bien pensé : un micro-ordinateur 8-bits, capable de rivaliser avec le C64, mais vendu avec un moniteur pour le même prix, et battant tous ses concurrents sur le terrain de la facilité de mise en œuvre et d’utilisation. Cette machine, qui compte parmi les micros 8-bits les plus populaires de tous les temps, se nommera Amstrad CPC-464.

Alan Sugar

Amstrad CPC-464

Ceux qui se souviennent des premières publicités pour le CPC-464 gardent en tête leur simplicité biblique. La photo de la machine, ornée de son moniteur monochrome vert, au look très pro et totalement parée à l’emploi, et en dessous, le prix : 2990f, voire 2690f sur certaines offres promotionnelles (4490f avec un moniteur couleur). Fi de tout ce que la concurrence met en avant dans ses propres publicités : puissance de calcul, diversité des applications possibles, graphismes, ouverture vers l’avenir… Pas de bla-bla, il n’est ici question que du prix de vente, absolument imbattable. Il s’agit d’un véritable ordinateur doté de 64 Ko de RAM, d’un clavier professionnel avec pavé numérique, d’un véritable moniteur (des privilèges totalement inaccessibles deux ans auparavant), et qui plus est équipé d’un lecteur de cassettes intégré (à l’époque on appelle ça une unité de mémoire de masse) et ne nécessitant pour fonctionner que le branchement d’une seule prise, sur le secteur. Tout ça pour moins de 3000f, il faut comprendre qu’en 1984, il s’agit là du franchissement sur bien des plans d’un seuil psychologique très important. Tous les utilisateurs de ZX-80 ou ZX-81 qui ont alors décroché, incapables d’assumer le prix d’achat d’un C64 ou d’un BBC, se précipitent dessus, sans approfondir l’étude de la machine.

L’Amstrad CPC-464 connaît donc dès sa sortie un immense succès, se vendant à plus de 2 millions d’exemplaires, et éclipse totalement en Europe notre Thomson TO-7 bien de chez nous et le standard MSX, sorti à la même époque, et très mal lancé en Europe malgré un gros succès au Japon et son côté rassembleur. Beaucoup d’acheteurs potentiels de C64 se rabattent dessus, alléchés par le moniteur et son accessibilité technologique. Il faut admettre qu’Amstrad a su faire parler son savoir faire en matière hi-fi, domaine ou la profusion de branchements et de fil est à éviter pour des raisons esthétiques. La machine présente très bien, même si elle est construite dans le plus cheap des plastiques, et tous les câblages sont déjà fait à l’ouverture de l’emballage, aspect dont aucun autre constructeur de micros ne s’est préoccupé jusqu’alors. Il s’agit tout simplement de l’invention du plug-and-play en micro-informatique, même si le concept ne sera ainsi nommé que beaucoup plus tard, et beaucoup moins à propos.

Ces atouts indéniables ne doivent pas faire oublier le pas en arrière que représente cet ordinateur. Structuré autour d’un Zilog Z-80 (4 Mhz), microprocesseur incontournable, le CPC est presque en tout point inférieur à ses concurrents. Il s’agit même d’une sorte de tout-venant de la technologie 8-bits de l’époque. Ses modes graphiques (160x200 en 16 couleurs, 320x200 en 4 couleurs, 640x200 en 2 couleurs, sur 27 couleurs disponibles) ne sont vraiment pas terribles, et vont condamner d’innombrables joueurs à s'abimer les yeux sur des jeux assez laids. Son processeur sonore (General Instruments AY-3-8912, 3 voies musicales + 1 bruitages, 7 octaves), bien que correct, s’exprime (toujours dans une logique de « tout intégré ») par le biais d’un unique haut-parleur interne au son atroce qui déchire les tympans. Le moniteur monochrome dispense un affichage d’une qualité très discutable, d’un vert très fade et déprimant, à la longue. Le moniteur couleur ne fait guère mieux.
 

Amstrad CPC-6128

En 1985, l’Amstrad CPC-6128 apparaît. Conçu dans la même logique que son prédécesseur, il corrige ses plus gros défauts, pour 4990f, encore une fois un prix très serré, si on le compare à celui des autres micros dotés de 128 Ko de RAM. Les capacités graphiques et sonores sont les mêmes, ainsi que l’indéboulonnable Z80, mais les 128 Ko, l’écran couleur et la présence d’un lecteur de disquettes de 180 Ko font forte impression. C’est bien sûr oublier que ce sont des disquettes 3 pouces, format inventé par Hitachi uniquement utilisé en Europe par Amstrad, qui entraîne un prix élevé pour les disquettes vierges (que l’on continuera quand même à trouver pendant très longtemps même après l’abandon total du format) .

Amstrad CPC-664

Le 6128 connaît un succès encore plus énorme que le 464, et reste encore aujourd’hui la référence absolue des ordinateurs Amstrad. En dépit de capacités graphiques décevantes pour une telle machine, il se présente comme un ordinateur complet et apte à de nombreuses applications grâce aux disquette et son affichage en mode texte 80 colonnes, pour un prix imbattable. De plus, son BASIC résidant (développé par Locomotive Software) est excellent.

Disquettes 3 pouces

Par contre, au même moment, sort le CPC 664, un 464 avec lecteur de disquettes et un boîtier de meilleure qualité, vendu également 4990f avec écran couleur, qui ne trouve aucune place sur le marché et tombe rapidement en désuétude.  


Amstrad et les PC

 
Amstrad PC-1512

L’autre aspect important de la carrière micro-informatique d’Amstrad est sa production de compatibles PC, à partir de 1986. La compagnie d’Alan Sugar a encore une fois bien joué en tablant sur un prix de vente plutôt bas, et ses compatibles PC (PC1512, PC1640, et les portables PPC512 et PPC640), basés sur des CPU Intel 8086 et 8088, et dotés de 512 Ko ou 640 Ko de RAM selon les modèles, ont connu un gros succès. On leur a bien sûr reproché leur compatibilité PC pas totalement indiscutable (ils étaient d’ailleurs livrés avec le GEM de Digital Research, en plus du DOS, et certains logiciels leur étaient réservés), mais leur prix et leur excellente qualité de fabrication (beaucoup de PC 1512 fonctionnent encore aujourd’hui) restent dans les mémoires. Le standard PC leur doit peut-être plus qu’il n’y paraît.

  
Amstrad PPC512 et PPC640d
 

Innovations

En 1988, Amstrad, qui est devenu un fabricant de micro-ordinateurs reconnu après avoir racheté son concurrent Sinclair (Alan Sugar, deviendra plus tard, comme Clive Sinclair, Sir Alan Sugar), décide d’élargir son champ d’action, et sort deux micro-ordinateurs étonnants : le PCW8256 et le PCW9512. Il s’agit de deux tentatives uniques d’ordinateurs entièrement dédiés au traitement de texte. Conçus sur la même base que le CPC6128 (Z80, 256 Ko de RAM pour le PCW256, 512 Ko pour le PCW 512), ils sont vendus comme des solutions complètes de traitement de texte, avec une imprimante qualité courrier, un lecteur de disquette 3 pouces et un écran monochrome capable d’afficher le mode texte 132 colonnes, le tout pour des prix encore une fois incroyablement bas : 6990f pour le PCW8256, 7990f pour le PCW9512.


Amstrad PCW9512

Ces machines audacieuses n’ont pas beaucoup fait parler d’elles, ce qui a obligé Amstrad à retourner au plus vite à sa spécialité : les ordinateurs de loisir.A la fin des années 80, la politique d’Amstrad va montrer ses limites. Prisonnier de son image, le constructeur est obligé de continuer à pratiquer des prix de vente plus bas que la concurrence, et ne réussira jamais à franchir le pas des 16-bits.

En 1989 sortent le CPC-464+ et le CPC-6128+. Ces deux ordinateurs représentent une évolution de leur prédécesseurs vers de meilleures capacités graphiques et sonore, une présentation plus moderne et d’aspect solide (très inspirée par Commodore), mais basés sur une technologie rôdée permettant de les vendre à des prix toujours plus serrés (2990f pour le 464+ sans écran, 3990f pour le 6128+ avec écran couleur). Hélas, pour des raisons de coûts de fabrication et de compatibilité descendante avec le reste de la gamme Amstrad, ils utilisent toujours le sempiternel Z80, désormais complètement dépassé, à l’heure ou les Megadrive, Amiga, ST et Mac imposent le 68000 comme le 16-bits de référence.

 
Amstrad CPC-6128+ (le CPC-464+ a un look très proche)

Les modes graphiques de ces deux machines sont :
- 160x200 en 16 couleurs sur 27
- 320x200 en 4 couleurs sur 27
- 640x200 en 2 couleurs sur 27
- 320x200 en 16 couleurs sur 4096
C’est beaucoup mieux que les 464 et 6128 d’origine, mais c’est insuffisant pour rivaliser avec le 320x200 256 couleurs des ST et Amiga, ou même le 256x212 256 couleurs du MSX2 (qui connaît le même problème avec l’usage du Z80).

 
Console Amstrad GX-4000

Au même moment, Amstrad essaie aussi de s’attaquer au marché des consoles de jeux, avec la console GX-4000, vendue 990f. En la voyant, on croit à un canular. Il s’agit d’un CPC6128+ sans clavier, d’un design bâclé, sans personnalité, utilisant des cartouches et livrée avec des gamepads copiés sur ceux de la NES. Cette fois, le subterfuge ne prend pas, et cette console qui ose s’afficher auprès des Megadrive et SuperNES et dont le nombre de jeux dédiés se comptent sur les doigt d’une main, est un des plus gros bides de l’histoire des consoles (a noter que les cartouches GX-4000 sont utilisables sur les CPC-464+ et CPC-6128+).


Emulateur pour Dos/Windows